L'histoire de la bête commence au printemps-été 1764. Un bruit court dans le Gévaudan, région reculée et montagneuse "que le 3 juillet 1764, au village des Habats en Vivarais une jeune fille de quatorze ans venait d'être soudainement dévorée." (François Fabre) Puis les drames se succèdent. Les habitants font des battues, lui donnent une chasse acharnée mais en vain. Les plaintes de ces paysans pauvres s'entassent sur le bureau du syndic de mende Mr Lafont. Mr de Moncan gouverneur militaire de la province du languedoc, donne l'ordre à Mr Duhamel, capitaine aide-major des volontaires de Clermont, d'aller prêter main forte aux populations avec un détachement de quarante dragons à pied et dix sept montés et d'aller prendre leur cantonnement à Langogne. Car la sinistre réputation de la bête s'est étendue dans tout le royaume, à Paris on ne connait plus le Gévaudan que sous le nom de "pays de la bête" Les gazettes exagérent ses méfaits, en font des descriptions invraisemblables. Mais qu'en est-il sur le terrain? Dès le départ les témoins semblent être sûrs d'une chose. Bien qu'elle ressemble à un loup, la bête n'en est pas un. Personne ne sait dire de quoi il s'agit, mais tous sont unanimes là dessus.
La peur gagnant la région, Moncan en septembre 1764 ordonne que l'on donne toutes les facilités et les secours à Mr Duhamel pour détruire ce monstre. Dorénavant les dragons mèneront les chasses. A charge pour les poulations déjà pauvres du Gévaudan de les loger, les nourrir, ainsi que leurs montures. Rapidement duhamel organise de grandes battues mais la bête les déjoue toutes. Elle semble narguer les chasseurs. La fréquence des attaques ainsi que l'étendue de son terrain de chasse donne à penser qu'il y aurait plusieurs bêtes. Le 15/12/1764 Catherine Chastang, 45ans est retrouvée morte, la tête coupée et le corps en partie dévoré tandis qu'elle gardait ses bestiaux. C'est la consternation. Tous les matins on regarde partir les enfants pour garder les bêtes en se demandant lequel manqera à l'appel à la tombée du jour. Des complaintes chantées circulent de village en village qui donnent des descriptions fantastiques de la bête. Duhamel dans une de ses lettres parlent d'un animal "dont le père est un lion reste à en savoir qui en est la mère". La bête peu à peu devient dans les imaginations un animal fabuleux à l'instar du griffon ou du dragon. Duhamel ayant échoué dans toutes ses tentatives pour éradiquer le monstre, et les dragons étant de plus en plus décriés, il est rappelé dans ses quartiers fin 1764 pour être peu après remis à la tête des chasseurs. le 06/01/1765 l'évèque de Mende s'empare de l'affaire et évoque la possibilité d'une punition divine. Pourtant la bête échoue parfois, le 12/01/1765 la bête attaque un groupe de sept enfants. Les plus agés Portefaix, Couston, Pic sont armés de lames aux bouts de bâtons, grâce à leur courage, ils repoussent les assauts de la bête, sauvent les plus petits et mieux encore la mettent en fuite. Ils recevront pour cela des gratifications. Mais malgré cela le sang continue à couler. Duhamel décide de donner une dernière grande chasse le 07/02/1765 qui durera jusqu'au 11/02 sans aucun résultat. C'est le début de sa mise à l'écart. La présence des dragons est de plus en plus mal vécue par une population qui vit dans des conditions difficiles, sur une terre montagneuse.
C'est dans ce contexte que Denneval le plus grand louvetier du royaume aidé de son fils arrive dans le gévaudan. Pour lui il s'agit avant tout d'empocher les récompenses offertes par le roi, le syndic ainsi que les nobles de la région. Il en a vu d'autres des loups. Très vite entre eux et les dragons va s'installer une rivalité farouche qui finira le 20/03/1765 avec le soutien de la cour. Le 07/04/1765 les dragons quittent Saint-chély. Les gazettes Anglaises s'égaient à nos dépens et tourne en dérision un pouvoir incapable de faire régner la sécurité sur son territoire. L'histoire de la bête devient une affaire d'état. Denneval ne croit pas au bien fondé des grandes battues qui effraient la bête, il tente plutôt les techniques qui ont fait son succès un peu partout en France, il empoisonne les cadavres, lance ses chiens pour essayer de la débusquer mais en vain. Très vite Denneval à un doute, il réfléchit de longues heures, perplexe, pose des questions aux habitants. Son attitude rend de plus en plus sceptique une population qui avait été habitué aux grands déploiements de force. Dans une lettre le comte Jean François de Morangiès se plaint de l'inaction de ces étrangers, de leur goût du luxe ainsi que pour l'argent. Face à ces plaintes Denneval organise à son tour de grandes chasses. Mais il n'a pas plus de succès que les dragons.
Le roi qui ne peut se permettre que l'on continue à le ridiculiser, dépité par les échecs du louvetier décide d'envoyer son propre porte-arquebuse. Antoine de Beauternes arrive au Malzieu le 22/06/1765. Le 22/06/1765 Denneval est remercié. Avec mr Antoine les choses changent. Contrairement à son prédecesseur jugé hautain par les habitants, il se montre aimable, prévenant généreux. Le 19/08/1765, il fait célébrer une messe, ditribue de l'argent aux pauvres. Mais sur le terrains rien à changer, le sang continue de couler de plus belle, dans une lettre Antoine fait part de son abattement. Et là miracle, le 21/09/1765 durant la chasse dans les bois de l'abbaye de Chazes le loup est tué. La bête est empaillée puis emportée à Paris pour y être exposée. Antoine pour rassurer une population traumatisée tue ce qu'elle pense être sa louve et son louveteau. Cette fois l'histoire semble bien finie. partout on se met à respirer. La joie, tel un ruisseau après la fonte des glaces se met à couler de nouveau dans les coeurs. Le 03/11/1765 Antoine s'en va.
Ceal fait près de trois mois que le calme est revenu, lorsque le 02/12/1765 la bête attaque à nouveau. Le cauchemar recommence. Mais cette fois officiellement la bête est morte, les gens du Gévaudan doivent donc se débrouiller tout seuls. 1766 est une année sombre ou l'on égrène la longue litanie des morts. Rien ne semble pouvoir arrêté le monstre. 1767 commence pareil mais le 13/06/1767 la bête fond sur Catherine Chautard, une fillette, et la tue. Un homme est fou de douleur, on le dit un peu sorcier, protestant, solitaire, il a un fils qui vit seul dans une cabane au fond des bois, cet homme s'appelle Jean Chastel . Le 19/06/1767, lors d'une battue organisée par le marquis d'Apchier, il voit passer la bête devant lui, il épaule son fusil, tire, la bête tombe raide morte. Sa dépouille est taxidermisée, on décide de l'envoyer à Versailles. C'est le héros qui est chargé de la porter, mais durant le voyage elle pourrit, si bien que lorsque Buffon la verra il ne pourra l'identifier avec certitude et se contentera de dire qu'il s'agit d'un canidé. Mais depuis ce jour tous les historiens cherchent une réponse quant à l'identité de la bête, aucun n'a pu apporter de preuves, les rumeurs les plus folles ont circulé, la bête reste une énigme...